Henry Torrès (1891-1966), célèbre avocat, homme politique, écrivain et journaliste français, a été contraint de quitter la France pendant l’Occupation pour échapper aux persécutions antisémites. Pendant son exil, toute sa collection de livres a été confisquée par les nazis et n'a jamais été restituée. 221 de ces ouvrages ont été identifiés dans cinq institutions culturelles en Allemagne. Ils ont été remis à ses ayants droit le 26 juin 2025, à l'occasion de la conférence européenne Recovered memories organisée à Paris par la CIVS.

Henri Torrès était une figure publique, un homme politique, un journaliste et un avocat de grand renom. Il fut député des Alpes-Maritimes de 1932 à 1936. Il suspendit ses activités d'avocat en 1939. Après l’armistice, il quitta la France et rejoignit New-York où il créa le journal gaulliste « France-Amérique ». Rentré en France à la Libération, il reprit ses activités d'avocat à Paris et poursuivit sa carrière politique au Sénat. Il fut le mentor de Robert Badinter aux débuts de la carrière de ce dernier. 

Plus de 80 ans après les faits, cinq institutions allemandes se sont unies pour contribuer ensemble à la réparation des injustices commises à l’époque. La Staatsbibliothek zu Berlin, l’Université de Dresde, l’Université de Rostock, le Leibniz-Zentrum für Literatur- und Kulturforschung de Berlin et la Staatliche Bücher- und Kupferstichsammlung de Greiz ont identifié dans leurs collections des ouvrages ayant appartenu à Henry Torrès. Ces livres ont été confisqués sous l’Occupation, puis ont été consignés dans des centres de collectes et dispersés dans différentes bibliothèques en Allemagne. 

Les recherches approfondies conduites par les institutions allemandes, par la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 (M2RS) du ministère de la Culture français et par les services de la Commission pour la restitution des biens et l’indemnisation des victimes de spoliations antisémites (CIVS) ont permis à la CIVS de reconnaitre la spoliation antisémite dont Henry Torrès a été la victime et d’identifier ses ayants droit dans la perspective de leur restitution.

Les cinq institutions à l’origine de ces travaux –  bibliothèques, centre de recherche, musée – ont pris la décision de rendre aux ayants droit d’Henry Torrès plus de 200 ouvrages. Cette restitution s'est déroulée le 26 juin à Paris, à l’occasion de la conférence Recovered memories organisée par la CIVS et ses partenaires européens.

Crédits photo : Benoît Granier / Matignon.