Lieux de mémoire à l'étranger

Accueil > Les lieux de mémoire > Lieux de mémoire à l'étranger


En Allemagne

Dachau

(cc)Erik Drost
Le 20 mars 1933, Himmler ordonna la construction d’un camp de concentration à proximité de Dachau, dans la banlieue de Munich. Dachau fut le premier camp de concentration national-socialiste. Il servit à la fois de modèle aux autres camps de l’espace concentrationnaire et de lieu de formation - « l’école de la violence » - pour la SS. Si les premiers détenus étaient pour la plupart des opposants au national-socialisme, le camp de Dachau retint, au cours des années 1930, un nombre toujours croissants de groupes persécutés : il s’agissait des Juifs, des témoins de Jéhovah, des membres des communautés Sinté et Rom ainsi que des homosexuels. Le 9 novembre 1938, suite à la « Nuit de Cristal », 10.000 Juifs furent déportés à Dachau. Au fil de la Seconde Guerre mondiale et au gré de l’extension des zones d’occupation furent internés de nombreux opposants au national-socialisme ayant refusé la collaboration dans leurs pays d’origines. De nombreux membres de la Résistance furent ainsi déportés à Dachau, dont Edmond Michelet ou Joseph Rovan. À partir du mois de novembre 1942, les Juifs détenus à Dachau furent massivement déportés vers Auschwitz. Comme dans les autres camps de concentration nationaux-socialistes, les détenus étaient réduits au travail forcé. Deux usines souterraines furent bâties à l’abri des bombardements ; de juin 1944 à avril 1945, 30.000 prisonniers y furent réduits en esclavage et ainsi promis à une mort certaine. Tandis que la mortalité grandissait à cause des conditions de vie déshumanisées qui régnaient dans le camp, une épidémie de typhus emporta des milliers de détenus. Le 26 avril 1945, deux jours avant que la SS ne déserte le camp, 7.000 détenus furent envoyée vers la « Marche de la mort ». Le 29 avril, l’armée américaine libéra les quelque 30.000 détenus restés dans le camp. Entre 1933 et 1945, près de 200.000 personnes furent internées à Dachau. Plus de 41.500 y furent assassinées par le travail forcé, lors d’expériences pseudo-médicales et du fait des conditions de vie déshumanisées qui régnaient dans le camp.

À l’initiative d’anciens déportés formant le Comité International de Dachau, un mémorial abritant notamment un centre de documentation fut bâti, en 1965, sur le site de l’ancien camp de concentration. Dans les années 1970 et 1980, le mémorial devint à la fois un lieu de mémoire incontournable et un espace dédié à l’éveil des consciences politiques. Entre 1996 et 2003, une exposition permanente intitulée « Le chemin des prisonniers » fut conçue et mise en œuvre.

www.kz-gedenkstaette-dachau.de

Sachsenhausen

©civs
Le camp fut construit dans la commune d’Oranienburg, à une trentaine de kilomètres au Nord de Berlin, au moment de la réorganisation de l’espace concentrationnaire national-socialiste. Tout comme Dachau, le camp de Sachsenhausen servit en même temps de modèle organisationnel au complexe concentrationnaire national-socialiste et de centre de formation pour la SS. Entre 1936 et 1945, Sachsenhausen fit office de lieu d’internement pour 200.000 personnes environ issues de 40 nationalités différentes. Plus de la moitié d’entre-elles, des prisonniers politiques pour la plupart, a péri dans ces lieux. En 1944, 90 % des détenus étaient étrangers. Les détenus devaient d’abord être réduits au travail forcé pour le compte d’entreprises directement administrées par la SS. L’économie de guerre allemande se nourrit du travail forcé au sein des quelque 100 Außenlagern – les camps annexes – de Sachsenhausen. En marge des chantiers où les détenus œuvraient dans des conditions insupportables, jusqu’à mourir d’épuisement, les SS procédaient à des assassinats sommaires et ciblés, notamment parmi les détenus juifs. Lors de l’hiver 19391940, le taux de mortalité explosa au sein du camp, où la faim, les épidémies, l’épuisement et les expérimentations pseudo-médicales provoquèrent, jusqu’en 1945, la mort massive et programmée des détenus. Peu avant la libération du camp par les troupes soviétiques le 22 avril 1945, les SS envoyèrent près de 33.000 détenus vers la « Marche de la mort », lors de laquelle 6.000 déportés périrent. Entre 1945 et 1950, le camp fut utilisé par l’administration soviétique pour l’internement des prisonniers nationaux-socialistes puis, plus largement, pour l’emprisonnement des opposants au régime naissant.

Après le retrait des troupes soviétiques puis des casernements de la police est-allemande fut inauguré, le 22 avril 1961, un mémorial symbolisant la « victoire de l’antifascisme sur le fascisme ». Plus tard, une exposition dédiée aux victimes juives de Sachsenhausen fut agencée dans l’ancien baraquement n° 38. Depuis 1993, le lieu de mémoire se base sur un concept décentré : les différents rouages du camp et de la vie des détenus sont montrés et expliqués sur les lieux d’origine, les bâtiments restants ou les emplacements de l’époque – où l’horreur se produisit.

www.stiftung-bg.de

Ravensbrück

(cc)Eric Gilliland
Entre mai 1939 et fin avril 1945, le complexe de Ravensbrück fut utilisé par les nationaux-socialistes à la fois comme camp de concentration et comme lieu d’exploitation du travail forcé. Le camp de Ravensbrück était, avec celui d’Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp de détention pour femmes : jusqu’à 123.000 personnes, dont 8.000 Françaises, y furent détenues, épuisées, torturées et réduites en esclavage. En avril 1941, un camp réservé aux hommes fut également bâti sur le site et abrita 20.000 détenus. Entre 1939 et 1942, l’esclavage concentrationnaire s’exerçait principalement dans les domaines de l’industrie textile, de l’agriculture, mais également dans la vingtaine de hangars construits par l’entreprise allemande Siemens aux abords du camp. En avril 1943 eurent lieu les premières déportations massives en provenance du sol français. Entre 1943 et 1944, Ravensbrück devint un nœud concentrationnaire, à une époque où les déportations de grande ampleur s’amplifièrent. Les capacités d’internement furent alors largement dépassées, ce qui provoqua une rapide aggravation des conditions de détention. En conséquence, le camp devint le terrain d’une mortalité vertigineuse. Les premiers processus de « sélection » furent alors activés ; les femmes déclarées inaptes au travail furent assassinées de façon ciblée. Durant les derniers mois de guerre, une chambre à gaz fut bâtie et l’extermination systématique s’étendit sur le site de Ravensbrück. Parmi les 26.000 victimes du camp, près de la moitié furent assassinées lors de l’emballement des dernières semaines de guerre.

Imaginé comme lieu de mémoire par les anciens détenus dans l’immédiat après-guerre, le mémorial du camp de Ravensbrück fut inauguré en RDA le 12 septembre 1959 sur le modèle du mémorial de Buchenwald dédié à la résistance des détenus communistes, tandis que le reste du complexe fut utilisé par l’armée soviétique, puis par les forces de la CEI. La rénovation de l’exposition permanente a été accompagnée de la création de salles d’exposition dédiées à la mémoire des victimes juives (1992), ainsi que des victimes appartenant aux communautés Sinté et Rom (1995). En 2013 s’ouvrit une nouvelle exposition permanente interactive intitulée : « *Das Frauen-Konzentrationslager Ravensbrück. Geschichte und Erinnerung* » (Le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück. Histoire et mémoire »).

www.ravensbrueck.de

Buchenwald

(cc)Wim van der Grinten
Le camp principal fut créé le 15 juillet 1937 aux pourtours de Weimar. Servant d’abord à l’internement des opposants politiques au national-socialisme, des condamnés de droit commun, des individus désignés comme « asociaux », des homosexuels et des témoins de Jéhovah, le camp de Buchenwald enserra, au seuil de la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers juifs, ainsi que des Sinté et des Roms. Suite aux pogroms et aux spoliations perpétrés en Allemagne lors de la « Nuit de Cristal », le 9 novembre 1938, près de 10.000 Juifs furent déportés à Buchenwald, constituant le groupe le plus exposé aux punitions, aux tortures et à la mort. Après le début de la guerre, Buchenwald devint le carrefour du système concentrationnaire national-socialiste, véritable point de convergence des déportations de masse en provenance des quatre coins de l’Europe, notamment de France. Buchenwald fut le lieu de détention de nombres d’hommes politiques, tel Léon Blum, d’universitaires comme Maurice Halbwachs ou de Résistants, tel Stéphane Hessel. Plus de 250.000 détenus ont été internés sur le site principal de l’Ettersberg ainsi que dans ses 136 dépendances. La surveillance SS forçait les détenus au travail dans les usines d’armement et les carrières situées aux abords de l’enceinte du camp. Plus de 56.000 personnes périrent d’avoir été affaiblies ou torturées lors d’expériences pseudo-médicales. Le camp de Buchenwald fut libéré par les troupes américaines en avril 1945.

C’est en 1958 que le « *Nationale Mahn- und Gedenkstätte (NMG) Buchenwald* » fut inauguré comme monument national de la République Démocratique allemande, un monument d’abord dédié à la résistance des détenus communistes. Lors de la réunification allemande, une controverse naquit au vu de l’oubli mémoriel dont souffraient les nombreuses autres catégories de prisonniers torturées et assassinées à Buchenwald : il s’agissait de réhabiliter la mémoire des détenus persécutés pour raisons « raciales » (Juifs, Sinté et Roms), des détenus condamnés comme « asociaux », des homosexuels, des témoins de Jéhovah, mais également les femmes réduites aux travaux forcés dans les usines d’armement. La rénovation du concept mémoriel de Buchenwald fut développée au cours des années 1990, reposant notamment sur la restauration de plusieurs bâtiments, sur la mise en lumière de la diversité des groupes internés, sur la réflexion relative au traitement de la mémoire de Buchenwald en RDA, ainsi que sur le thème, longtemps tabou, du « *Speziallager Nr. 2* », utilisé après-guerre par les soviétiques comme camp d’internement.

www.buchenwald.de/

Neuengamme

(cc)Tobias HH
Dès 1936, la mise au travail forcé fut systématisée à l’intérieur des camps de concentration nationaux-socialistes. Les KZ furent construits à proximité de carrières ou de fabriques. Ce fut le cas de Neuengamme qui, entre 1938 et 1940, demeura un « *Außenlager* », c’est-à-dire un camp annexe de Sachsenhausen, avant de devenir par la suite l’un des plus grands camps de la constellation concentrationnaire nationale-socialiste. Entre 1938 et 1945, 105.000 femmes et hommes de différentes nationalités ont été internés dans le camp de concentration de Neuengamme situé dans la banlieue sud de Hambourg. Du site principal dépendaient 80 camps extérieurs ; 20 d’entre eux étaient réservés aux femmes. Plus de 13.000 détenus étaient juifs. Environ 11.500 Français y furent internés. Réduits en esclavage, soumis à des conditions de vie insupportables, à l’arbitraire criminel des SS et à des expérimentations médicales meurtrières, plus de 55.000 détenus périrent. La ville de Hambourg souhaitait devenir la vitrine avancée du « Reich » sur la Baltique. En conséquence, les berges de l’Elbe situées dans le quartier d’Altona devaient être complètement rénovées à l’aune de programmes architecturaux grandiloquents ; le travail forcé des détenus de Neuengamme devait autoriser ce projet. La libération du camp fut précédée d’une ultime tragédie : le 3 mai 1945, alors que les détenus de Neuengamme avaient été forcés de rejoindre le port de Lubeck après une « Marche de la Mort », l’aviation britannique bombarda, par confusion, les navires dans lesquels ces-derniers avaient embarqués, décimant la quasi-totalité des détenus alors pris au piège.

C’est en 1965 que fut érigé, sur le site du camp, le premier mémorial dédié aux milliers de victimes de Neuengamme. Le travail de mémoire prit un tour décisif en 1981, lors de l’inauguration d’un important centre de documentation sur les espaces concentrationnaires nationaux-socialistes. Depuis 2005, le mémorial du camp de concentration de Neuengamme abrite une exposition permanente thématique dédiée à l’histoire du camp ainsi qu’à son fonctionnement. Le mémorial a notamment été étendu à l’ancien camp SS, ainsi qu’à l’explication du travail forcé au sein des différents complexes industriels qui dépendaient du camp.

www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/

Bergen-Belsen

(cc)Franklin Heijnen
Le camp de Bergen-Belsen était situé dans le Nord de l’Allemagne, à 40 km d’Hanovre. Il fut principalement utilisé pour l’internement de prisonniers de guerre. En 1940, le camp était notamment peuplé par des détenus français et belges. Le camp s’agrandit en 1941 pour permettre la déportation de prisonniers en provenance du front soviétique. Jusqu’en 1942, près de 18.000 détenus, soit 92 % de la population du camp, périrent à cause de la faim, du froid ou des maladies. À l’automne 1941, les détenus juifs furent systématiquement « sélectionnés » et envoyés au camp de Sachsenhausen, où ils furent, pour la plupart, exécutés d’une balle dans la nuque. Seuls quelques-uns furent retenus en otage en tant que « Juifs à échanger » contre des prisonniers allemands internés à l’étranger. En définitive, une toute petite minorité des quelques 6.000 détenus juifs de Bergen-Belsen fut libérée. Au fil des années, les conditions de vie se détériorèrent gravement, notamment lors de l’arrivée des détenus, toujours plus nombreux, transférés des camps d’Auschwitz, de Buchenwald, de Ravensbrück et de Mauthausen. Un four crématoire fut construit. Le camp comptait 15.000 prisonniers en novembre 1944 et 60.000 en avril 1945. Pendant cette période, la surpopulation du camp causa l’apparition d’épidémies dont le typhus : 35.000 personnes décédèrent dont Anne Frank et Hélène Berr. Avant la libération du camp le 15 avril 1945 par l’armée britannique, des milliers de détenus périrent lors des « Marches de la mort ». Les soldats britanniques découvrirent 56.000 détenus affamés et malades, ainsi que 10.000 cadavres amassés à même le sol. Trois mois après la libération du camp, 13.000 anciens déportés décédèrent des suites directes de leur déportation. En tout, sur les quelques 125.000 déportés passés par Bergen-Belsen, environ 70.000 personnes ont trouvé la mort. Parmi les survivants, on trouve Simone Veil et Jean Mattéoli. Ce dernier prit en 1997 la direction d’une mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France de 1940 à 1944 recommandant par la suite la mise en place d’une commission d’indemnisation qui donna naissance à la CIVS.

Dès novembre 1945, le lieu de massacre se transforma en un premier lieu de mémoire : les rescapés juifs érigèrent un mémorial dédié à leurs disparus. Entre 1946 et 1947, les prisonniers de guerre allemands bâtirent ce qui devint le mémorial international de Bergen-Belsen, soit un obélisque haut de 24 mètres. En 1966 fut construit le premier centre de documentation abritant une exposition permanente. En 2007, un nouveau bâtiment de 200 m² fut inauguré, accueillant une exposition rénovée de grande envergure.

bergen-belsen.stiftung-ng.de

Neue Wache – Nouvelle Garde

(cc)Luis Villa del Campo
La Neue Wache est le mémorial central de la RFA dédié aux « victimes de la guerre et de la tyrannie ». Construite entre 1816 et 1818 en hommage aux victimes des guerres napoléoniennes, elle se situe sur la célèbre avenue berlinoise Unter den Linden, entre le Musée historique allemand et l’Université Humboldt. Au fil des époques et des contextes politiques, la Neue Wache a été le théâtre de différents discours mémoriels souvent concurrents. À l’époque du Reich allemand, l’architecte Heinrich Tessenow transforma le monument en mémorial dédié aux victimes de la Première Guerre mondiale : un trait de lumière esquissé par une ouverture circulaire au plafond éclairait la nudité d’un bloc de granit noir. Sous le national-socialisme, la Neue Wache fut la scène de manifestations de propagande avant d’être détruite par les bombardements. Le gouvernement de la RDA restaura le lieu de mémoire, le dédiant aux « victimes du fascisme et du militarisme ». Au-dessus des cendres d’un soldat inconnu et d’un détenu des camps de concentration vacillait une flamme inextinguible. Lors de la réunification allemande, le chancelier Helmut Kohl influença la rénovation du mémorial, dont les dimensions furent rehaussées. Placée sous le halo de lumière, au centre de l’unique pièce nue, une Piéta sculptée par Käthe Kollwitz – la mère tenant dans ses bras son fil assassiné – donne ses contours au nouveau symbole mémoriel de la Neue Wache, incarnant le perpétuel retour de la tragédie causée par la guerre et la tyrannie.

Denkmal für die ermordeten Juden Europas – Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe

(cc)Jean-pierre Dalbéra
Conçu par l’architecte New Yorkais Peter Eisenman, le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe a été inauguré à Berlin le 10 mai 2005 et dédié à la mémoire des plus de six millions de Juifs assassinés par les nationaux-socialistes. Situé à proximité du Bundestag et de la porte de Brandebourg, le mémorial se déploie, en plein air, sur une surface de 19.000 m². Il dessine un labyrinthe vallonné composé de 2.700 stèles de béton. Les visiteurs sont invités à avancer entre les stèles, livrés au contact du béton et à la hauteur inégale de l’architecture. En stimulant la suggestion, la confrontation directe avec le matériau brut, le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe rompt avec les concepts mémoriels classiques, provoquant, non sans controverses, une réflexion sur la notion même de mémoire. Aux abords du Mémorial, un centre d’information abrite une exposition permanente retraçant l’histoire de la persécution et du génocide des Juifs d’Europe.

www.stiftung-denkmal.de/startseite.html

En Pologne

Auschwitz

(cc)Adam Tas

Oświęcim (Auschwitz, en allemand) se situe à 60 kilomètres à l’ouest de Cracovie, en Haute-Silésie, une région annexée en 1939 par l’Allemagne nazie après sa conquête de la Pologne. En avril 1940, les Allemands y décident l’ouverture d’un camp de concentration. Initialement prévu comme lieu de transit pour les prisonniers politiques polonais, il devient rapidement un centre d’internement définitif. Un an après sa création, le camp regroupe 11.000 prisonniers. Heinrich Himmler, ministre allemand de l’Intérieur, chef de la SS puis de la Gestapo, en charge de l’organisation du système concentrationnaire, décide en juin 1941 l’agrandissement du site. Les travaux entrepris font d’Auschwitz le plus important complexe concentrationnaire du Troisième Reich, puis le plus grand camp d’extermination planifiée. Le complexe se compose du camp de base (Auschwitz I), prévu pour 20.000 détenus, du camp de Birkenau (Auschwitz II), destiné à recevoir 100.000 prisonniers, et du camp de Buna-Monowitz (Auschwitz III), ouvert pour fournir la main d’œuvre aux usines de fabrication de caoutchouc et d’essences synthétiques implantées à proximité du site. Les premiers gazages de prisonniers ont lieu en décembre 1941. D’abord enterrés dans des fosses, les cadavres sont par la suite éliminés dans quatre fours crématoires à partir du 2ème trimestre 1943. Au total, 1,1 million d’hommes, de femmes et d’enfants originaires de 15 pays européens, dont 90 % de Juifs (69.000 originaires de France), sont morts dans les chambres à gaz ; plusieurs dizaines de milliers d’entre eux sont décédés par suite de faim, de froid, des maladies, des brutalités, des fusillades ou encore des pendaisons. Par ailleurs, Auschwitz a été le théâtre d’expériences pseudo-scientifiques, notamment la stérilisation des hommes et des femmes, et de soi-disant études sur les jumeaux, les nourrissons ou les nains. Le 18 janvier 1945, devant l’arrivée de l’Armée rouge, les Allemands font évacuer le camp. 60.000 prisonniers sont poussés vers une « marche de la mort » durant laquelle un grand nombre meurt de froid et d’épuisement. Le 27 janvier 1945, les soldats soviétiques entrent à Auschwitz et libèrent les quelque 7.000 survivants, malades et épuisés.

Inauguré en juillet 1947, le musée national Auschwitz-Birkenau est un lieu de commémoration des camps d’Auschwitz I et Auschwitz II. Inscrit en 1979 au patrimoine mondial de l’UNESCO, le site mémorial accueille chaque année un million de visiteurs. Il représente aujourd’hui l’institution culturelle la plus visitée en Pologne.

auschwitz.org/en/

Belzec

(cc)Thorbjörn
Ouvert le 1er novembre 1941, le camp de Belzec est le premier des trois camps, avec Sobibor et Treblinka, construits dans le cadre de l’Opération Reinhard qui vise à exterminer tous les Juifs, Roms, Sinté et Yéniches du Gouvernement général en Pologne. De mars à décembre 1942, l’utilisation de chambres à gaz en bois puis en briques et en béton conduit à l’assassinat de 500.000 personnes, juives pour la plupart. À la fin de 1942, la population juive du Gouvernement général a été éliminée dans sa quasi-totalité. Il n’est donc plus utile de conserver les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka. Au printemps 1943, les cadavres des victimes sont déterrés et brûlés en plein air. Le camp est ensuite détruit et remplacé par une ferme, avant l’arrivée des troupes soviétiques en 1944.

Le musée-mémorial de Belzec a été fondé en 2004. Rattaché au musée de Majdanek, il comprend une exposition permanente portant sur l’histoire des lieux ainsi qu’un mémorial érigé sur l’emplacement de l’ancien camp.

www.belzec.eu

Sobibor

(cc)Emmanuel Dyan
A l’instar des camps de Belzec et Treblinka, Sobibor s’inscrit dans le cadre de l’Opération Reinhard. La construction du camp commence en mars 1942. Entre 1942 et 1943, 250.000 personnes sont assassinées dans les chambres à gaz dont des fouilles archéologiques récentes ont confirmé l’existence. Deux convois ont transporté des Juifs de France vers Sobibor : les convois n°52 et n°53 des 23 et 25 mars 1943. Seuls cinq déportés ont survécu. Le 14 octobre 1943, 600 prisonniers se révoltent parmi lesquels 200 réussissent à s’échapper. Après la rébellion, le camp est démantelé.

Un monument commémorant les victimes de Sobibor a été inauguré en 1965. Depuis 1984, un musée situé dans l’enceinte de l’ancien camp rappelle l’histoire tragique des prisonniers qui y ont été internés et assassinés.

www.sobibor-memorial.eu

Treblinka

(cc)Emmanuel Dyan
Situé à une centaine de kilomètres de Varsovie, Treblinka est d’abord, à partir de l’été 1941, un camp de travail forcé, avant de devenir, un an plus tard, un camp d’extermination, inscrit dans le cadre de l’Opération Reinhard. En l’espace de 16 mois seulement, 900.000 Juifs originaires de Pologne, Tchécoslovaquie, France, Grèce, Yougoslave, URSS, Allemagne et Autriche périssent dans les chambres à gaz conçues à cet effet. A l’approche des forces alliées, en 1943, l’ordre est donné d’effacer toute trace de l’existence de Treblinka. Malgré le démantèlement et le camouflage du lieu par les Nazis, les archéologues ont confirmé la présence de deux chambres à gaz.

Le Musée de la Lutte et du Martyr de Treblinka est situé sur le terrain des anciens camps de travail forcé (Treblinka I) et d’extermination (Treblinka II). Il comprend notamment un cimetière symbolique constitué de 17.000 pierres. Depuis février 2006, le musée propose une exposition permanente qui retrace l’histoire du complexe.

www.muzeum-treblinka.pl

Lublin-Majdanek

(cc)Lukas Plewnia
Siège de l’Opération Reinhard, Majdanek est un camp de concentration et d’extermination établi en octobre 1941 à l’initiative d’Heinrich Himmler. Au cours de l’année 1942 y sont construits des crématoires et des chambres à gaz, ces dernières fonctionnant jusqu’à l’automne 1943. Le camp est fermé le 17 juillet 1944, de nombreux bâtiments incendiés et les prisonniers en grande partie transférés vers Auschwitz. Néanmoins, à leur arrivée le 23 juillet 1944, les soldats de l’Armée rouge découvrent les restes d’une chambre à gaz ainsi que de nombreux baraquements. 500.000 personnes originaires de 50 pays ont été internées à Majdanek. La moitié d’entre elles y ont été assassinées, dont 118.000 Juifs, parmi lesquels 18.000 transférés après la liquidation du ghetto de Varsovie, en mai 1943.

Le musée de Majdanek est créé en novembre 1944 sur le site de l’ancien camp. En juillet 1969, pour le 25ème anniversaire de sa libération, un monument commémorant le souvenir des victimes est inauguré.

www.majdanek.eu/