Les lieux de mémoire en France

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Concept historique et objet d’histoire défini dans Les lieux de mémoire, un ouvrage collectif en trois tomes publié sous la direction de Pierre Nora entre 1984 et 1992, le lieu de mémoire est un monument, un lieu ou un symbole, élément matériel ou idéel, qui participe de la constitution de l’identité collective. Certains d’entre eux renvoient à des événements marquants du passé, très souvent intervenus dans un contexte dramatique, dont la collectivité a souhaité conserver la mémoire.

Le souvenir de l’internement et de la déportation des Juifs de France, qui a conduit à la mort de 76.000 d’entre eux, est entretenu au travers de plusieurs lieux de mémoire sur le territoire national.

67.000 Juifs ont transité par le camp de Drancy, plaque tournante de la déportation vers les camps d’extermination. 70.000 autres ont été internés dans les camps de province. Certains de ces camps ont disparu du paysage dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, parfois bien plus tard (le camp de la Lande, par exemple, est rasé en 1970). D’autres, au contraire, ont été restaurés afin d’être transformés en lieux de mémoire.

Voici les principaux d’entre eux.

Le Mémorial de la Shoah (PARIS)

(cc)CarlosEspejo
Le Mémorial de la Shoah a ouvert ses portes le 27 janvier 2005 à l’occasion du soixantième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz et de la Journée européenne de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité. Le Mémorial est un musée et un centre de documentation, un lieu d’exposition, de pédagogie et de formation. Ses archives représentent un fonds documentaire de 40 millions de documents, soit l’un des plus importants d’Europe.

www.memorialdelashoah.org/index.php/fr/

Le Mémorial de la Shoah à Drancy (SEINE SAINT DENIS)

©Bertrand Guay AFP
Le camp de Drancy a été le lieu d’internement de 80.000 personnes entre le 20 août 1941 et le 22 août 1944, et le point de départ de 63 convois vers les camps d’extermination étrangers. Les rafles des 16 et 17 juillet 1942 ont notamment envoyé 5.000 internés vers le camp. Au total, 63.000 prisonniers ont été déportés de même que 13.000 personnes internées dans d’autres camps (Compiègne, Pithiviers, Beaune-la-Rolande, etc.) Le Mémorial a été inauguré par M. François Hollande, Président de la République, le 21 septembre 2012. Son bâtiment comprend, sur cinq niveaux, une salle de conférence, des salles pédagogiques et un centre de documentation. Une exposition permanente retrace l’histoire et le fonctionnement du camp ainsi que la vie quotidienne des internés.

www.memorialdelashoah.org/index.php/fr/memorial-de-drancy/le-memorial-de-la-shoah-a-drancy

Le Mémorial des Martyrs de la Déportation (Paris)

(cc)groume
Situé dans le 4ème arrondissement parisien, ce monument a été érigé en souvenir de l’ensemble des déportés de France entre 1941 et 1944. Réalisé par l’architecte Georges-Henri Pingusson, le Mémorial a été inauguré le 12 avril 1962 par le général de Gaulle, président de la République.

www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/memorial-des-martyrs-de-la-deportation

Le Mémorial du camp d’internement du Vernet (Ariège)

(cc)thierry llansades
D’une superficie de 50 hectares, le camp du Vernet a été construit en 1918 pour recevoir les troupes coloniales. En 1939, il devient un lieu d’internement pour 10.000 soldats de l’armée républicaine espagnole. Des « indésirables » se trouvent par la suite enfermés, opposants politiques aux régimes d’Hitler, de Mussolini et de Pétain, Russes blancs exilés ou encore membres de la Résistance. A partir de 1942, le camp du Vernet sert aussi de camp de transit pour les Juifs raflés en Ariège et dans le Gers, avant leur déportation. De 1939 à 1944, près de 40.000 personnes y ont été enfermées. 4.679 d’entre elles ont été déportées dans 26 convois.

www.campduvernet.eu/

Le Site-Mémorial du Camp des Milles (Bouches-du-Rhône)

©civs
Construite en 1882, cette ancienne tuilerie d’une superficie de 25 hectares a servi de camp d’internement à près de 10.000 personnes durant la Seconde Guerre mondiale, dont 1.928 Juifs qui furent déportés puis assassinés à Auschwitz en août et en septembre 1942.

Le Site-Mémorial du Camp des Milles a été inauguré le 10 septembre 2012 par M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Sur le site même de l’ancien camp, il se veut la fois musée d’histoire et lieu de mémoire et remplit des missions d’information, de documentation, de recherche et de débat.

www.campdesmilles.org/

Le Musée de la Mémoire de Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne)

©civs
Bâties en 1939, les 87 baraques en brique du quartier du Récébédou accueillent à l’origine les familles ouvrières des Poudreries nationales de Toulouse. En juin 1940, il devient un centre d’hébergement pour les Républicains espagnols, réfugiés de la guerre civile, puis pour des Français et des Belges qui fuient l’avancée des troupes allemandes. Des Juifs étrangers sont ensuite internés, à partir d’octobre 1940. A l’été 1942, trois convois renfermant 749 internés quittent la gare de Portet-Saint-Simon en direction des camps d’extermination. L’activité du camp cesse à la fin du mois de septembre 1942 suite à l’intervention de l’archevêque de Toulouse. Les derniers internés, parmi lesquels 425 Juifs, sont transférés au camp voisin de Noé.

Le site-mémorial, installé dans un ancien bâtiment du camp de Récébédou, a été inauguré en 2003. Son Musée accueille une exposition permanente, une maquette du camp et des expositions temporaires. Il permet également la consultation sur place d’ouvrages traitant des camps d’internement.

www.portetgaronne.fr/le-musee-de-la-memoire-504.html

Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne - camp de Royallieu (Oise)

©Philippe Huguen AFP
Le camp de Royallieu, installé sur le site d’une ancienne caserne militaire, est placé sous administration allemande dès 1941. Il consiste en quatre sous-camps dont l’un est dédié aux Juifs. Le 27 mars 1942, le premier convoi de déportés qui quitte la France pour Auschwitz est au départ de Compiègne. Au total, 54.000 personnes ont été internées de juin 1941 à août 1944. 50.000 d’entre elles ont été déportées et exterminées.

Le Mémorial a été inauguré le 23 février 2008. Trois bâtiments de l’ancien camp ont été conservés et peuvent être visités. Une dizaine d’autres salles d’exposition retracent l’histoire du camp durant la Seconde Guerre mondiale. Le site dispose en outre d’un centre de documentation et d’un espace scientifique regroupant différents fonds d’archives.

www.memorial-compiegne.fr/

Camp d’internement de Gurs (Pyrénées-Atlantiques)

©Gaizka Iroz AFP
Lieu de refuge des Républicains espagnols en 1939, le camp se transforme en mai 1940 en camp d’internement pour les opposants politiques puis, en octobre de la même année, pour les Juifs français et étrangers. D’une superficie de 80 hectares, ceinturé par 250 kilomètres de barbelés, le camp de Gurs est l’un des plus étendus de France. Près de 20.000 internés, Juifs allemands pour une grande partie d’entre eux, furent entassés dans des baraques en bois avant d’être déportés. Entre août 1942 et mars 1943, six convois ont ainsi acheminé vers Auschwitz plusieurs milliers de prisonniers.

Un mémorial national a été inauguré en 1994.

www.campgurs.com/default.asp?type=S&savoirplus=1&idsection=1

Le Mémorial du Camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales)

©Frederic Hedelin Only France
Construit en 1938, le camp militaire de Rivesaltes regroupe sur 600 hectares des Républicains espagnols, des Juifs, des tziganes et des opposants politiques. 21.000 prisonniers y sont détenus entre 1941 et 1942. Neuf convois quittent Rivesaltes entre août et novembre 1942, conduisant 2.300 Juifs vers des camps d’extermination.

Erigé à la place d’un ancien îlot du camp, le Mémorial du Camp de Rivesaltes a été inauguré en juin 2015. D’une superficie de 4.000 mètres carrés, il comprend des espaces d’expositions temporaires et permanentes, un auditorium ainsi que plusieurs centres de documentation.

www.facebook.com/pages/M%C3%A9morial-du-Camp-de-Rivesaltes/382125258553930

Les Archives départementales des Pyrénées Orientales ont rendu accessible les ressources concernant les internés
https://archives-camps.cg66.fr/basescamps

Le Mémorial de la Prison de Montluc (Rhône)

©Philippe Merle AFP
Construite dans les années 1920, la prison de Montluc est utilisée pendant la guerre comme lieu d’internement d’opposants politiques, de résistants puis de Juifs victimes des législations antisémites.

M. François Fillon, Premier ministre, a inauguré le Mémorial en 2010.

Pour en savoir plus (brochure en format PDF à télécharger)

L’ancien Camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin)

(cc)Bram Cymet
Entre 1941 et 1945, 52.000 personnes d’une trentaine de nationalités différentes ont été déportées vers le KL-Natzweiler. Les internés travaillaient à la construction de routes et à l’exploitation d’une carrière située à proximité du camp. A partir de 1942, certains détenus ont été utilisés comme cobayes dans le cadre d’expériences pseudo scientifiques. En août 1943, 86 Juifs ont été assassinés dans la chambre à gaz expérimentale aménagée dans une ancienne auberge. Au total, 22 000 détenus ont trouvé la mort dans le camp ou lors des marches de la mort.

Le Mémorial national de la déportation, un monument commémoratif d’une hauteur de 41 mètres, œuvre de l’architecte Bertrand Monnet, a été érigé en 1960 dans l’enceinte de l’ancien camp.

www.struthof.fr/fr/accueil/

Le camp de travail de Thil, en Meurthe-et-Moselle, est de mai à septembre 1944 une annexe du Struthof. Situé à proximité d’une mine, il est dédié à la fabrication de matériel militaire. Plusieurs milliers de travailleurs forcés y ont été internés, 900 d’entre eux déportés vers l’étranger.

Au lendemain de la guerre, une crypte commémorative a été installée sur le site, rappelant notamment l’existence d’un four crématoire.

MAISON D’IZIEU, MÉMORIAL DES ENFANTS JUIFS EXTERMINÉS (AIN)

© Studio Erick Saillet
En mai 1943, Sabine et Miron Zlatin, avec l’accord du sous-préfet, Pierre-Marcel Wiltzer, et en lien avec l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE), ouvrent à Izieu, village en zone d’occupation italienne, une maison d’enfants. Plus d’une centaine d’enfants et quelques adultes sont ainsi mis à l’abri des persécutions antisémites. Le 6 avril 1944, 44 enfants et 7 adultes éducateurs sont arrêtés (par la Gestapo, sur ordre de Klaus Barbie, et des soldats de la Wehrmacht) puis déportés. Une des éducatrices sera la seule survivante.

  • Le mémorial des enfants juifs exterminés ou encore mémorial de la Maison d’Izieu, perpétue le souvenir des enfants et des adultes juifs qui y avaient trouvé refuge. Le site est à la fois le lieu de l’arrestation des enfants d’Izieu, un mémorial dédié à leurs mémoires, et un musée rappelant le contexte historique et explicitant le concept de « crime contre l’humanité ».
  • La maison qui a abrité la colonie d’Izieu a été construite au XIXe siècle sur le hameau de Lélinaz, en contrebas du village d’Izieu. Le site, isolé, comprend la maison, prolongée par une longue terrasse et les deux bâtiments agricoles que sont la grange et la magnanerie, dédiées à l’exposition permanente ; les salles pédagogiques et le centre de ressources et d’archives sont accueillis dans un nouveau bâtiment.

Le Mémorial a été inauguré par François Mitterand, alors Président de la République, le 24 avril 1994.
La Maison des enfants d’Izieu est le 3e lieu de la Mémoire nationale des victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité commis avec la complicité du gouvernement de Vichy, reconnus par décret du Président de la République du 3 février 1993, comme le Vélodrome d’hiver et le camp de Gurs.

www.memorializieu.eu

www.facebook.com/pages/Maison-dIzieu-m%C3%A9morial-des-enfants-juifs-extermin%C3%A9s/224980240872359


Pour en savoir plus sur les lieux de mémoire de l’internement et de la déportation des Juifs de France entre 1941 et 1944 :

www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/lieux-de-memoire/patrimoine/Camp-d%27internement